La Toto se monte la colline, doucement, elle tourne autour de la place, se détend, comme c'est beau, les palmiers, la vallée de la Loire, tout au loin,
et elle souffle se souffle, une rapide mise à distance, se faire du bien,
elle se gare ses fleurs, les géraniums, les oeillets d'inde, les fleurs jaunes, ces autres petites blanches, dans les jolies jardinières du Nord, posées sur le muret, entre les deux garages, la main enlève les fleurs fanées, apprécie le laurier rose rescapé, invisible cet été, pensé mort de l'hiver dernier, il perce des tiges et feuilles, cette année il rentrera déjà dans le plus chaud du garage, près de la petite fenêtre,
et déjà c'est bon de l'imaginer en fleurs, l'été prochain,
la clé se tourne, la porte se lève, le pas se presse, pose le sac, les clés, tourne cette autre, le petit jardin, un tri dents un pot de romarin, se plante pas fort loin de la menthe, les odeurs, la peau révèle la feuille entre deux doigts,
les feuilles se balaient, le regard se monte, une pluie de feuilles, l'Automne se vit, aujourd'hui sans soleil, il a fait si beau hier en ce premier Novembre, ce thé à la Roche Bernard où tout se vit revit, même après du fort hard,
le gazon est fort vert, d'un cru beau, vraiment beau, et assez haut, peut être à couper avant l'hiver, les bégonias gros d'immenses sont géants de leurs fleurs généreuses, ces fleurs poussent bien ici, un fuschia rouge, un chrysanthème, des clochettes rouges encore, les fleurs sèches des hortensias, leurs bourgeons à venir, comme c'est bon,
le corps se retrouve, l'esprit se remplit de douceurs charmantes, le cri d'un coq au loin, les oiseaux, les yeux se ferment, remercient ce petit coin de paradis si paisible, si doux,
et ils se rappellent, vite fait, pour classer,
le nez perle, le front se mouille, il faut tenir, et surtout il faut sortir, l'heure presse, il est là, planté d'un bloc dans le coin de la cuisine, il faut agir de fermeté, sans en faire une montagne, accepter dans un coin de quel part qu'il résiste, sans accepter dans un coin de quelque autre part, car le parent a pour travail de cadrer l'enfant, bien plus encore quand il est autiste, depuis vingt trois ans et demi, à vie....
il avait pourtant mis ses chaussures, avec le chausse pieds pour épargner ses cuirs, de lui même, de belle volonté de bien faire, pour respecter, ce fut si hard d'y arriver dimanche matin, dans ses cris, ses gesticulations, ses tapages, en écrasant de force les malheureuses chaussures avec les talons, se calmant, enfin pour recommencer sur la place du bourg, dans une colère vive, INVIVABLE, que je condanne de toutes mes forces, que je lui dis de STOP, que je lui dis de OUF c'est bientôt le foyer d'hébergement j'espère, car me malmener, NON, JAMAIS!
Parfois, un cinq minutes décapent comme un jour de travail en dehors, je peux dire pour avoir testé!
Alors, quand d'autres fois, c'est un vingt minutes comme samedi, pour sortir de la maison,
que c'est une prise de risques obligatoires pour lui de le laisser, autonome, le temps d'un trente minutes de courses, de rentrer dans le garage, chargée du panier d'osier lourd, de l'appeler, pas de réponse, de monter un peu plus vite, de l'appeler, et le silence, de cette fois grimper à toutes vitesses le second escalier en l'appelant encore *ça va?!
et de le voir à son bureau, sans bruits, devant l'ordi, *j'avais pas envie de répondre!
C'est encore à reprendre, il reste seul, si il est en mesure de répondre quand je reviens, ce qui est bête quelque part de ma part, je n'étais pas à quelques minutes près de le savoir là, bien!
La prochaine fois, je poserai le sac, doucement, enlèverai le parka, puis monterai tranquillement en passant devant chez lui, sans rien dire. Il est en droit de ne pas comprendre ma frayeur, mon dos dégoulinant, par ma peur soudaine, *et si il était sorti, avait quitté la maison, pour aller où?!
A bas, l'angoisse, tu ne m'auras plus, cette fois, je ne veux pas de toi, même si je me sais responsable, je prends le risque, je souhaite de plein coeur qu'il vole au plus, SANS MOI!