Parler de vieux Lille, avec la gentille bouchère, c'est pas banal, cela m'a fait rire fort, un couple achète des friands au Maroilles, et cela dévie sur un autre puant qui sent si bon, et je dis que je viens du Nord, alors, on échange, on se regarde, on se passe de la vie, des bouts de vies, pour eux on mange costaud dans le Nord, je les fais rire avec les frites près de la Belgique,
un bon moment,
les pas sortent en souriant, le petit paquet précieux contre le coeur, il se pose sur le siège, et la forme est prête pour un bel tour du bourg, à orteils dansés tendres, il fait un grand soleil qui respire d'être, les petits yeux sont contents, comme c'est grand ici, dans son tout petit humble, j'aime,
une toute récente épicerie vient d'ouvrir, la précédente fermée il y a presque deux ans, il faut encourager parfois avec des achats de dépannages, et je relève le numéro de téléphone, il peut livrer, et en malade à venir, cela pourrait servir, c'est bon l'aide de proximité,
j'espère que ce bourg ne bougera pas, j'aime son Humanité vraie, j'aime ses rues tortueuses, ses facades pas droites, tout à pousser, à mesure du temps qui est passé, comme c'est bon ici, cette vie suffisante, si riche, loin de la misère des inutiles, ici, il n'y a à acheter que l'essentiel, et comme c'est rassurant, le superflu encombre, tasse l'être, l'empêche de s'envoler,
et comme j'aime voler, je me suis bien,
Ici,
Aujourd'hui,
dans cette région de la Loire qui coule vers son Estuaire, entre Nantes et St Nazaire, comme j'aime aussi son eau quand elle serpente au Thoureil, ou à Saumur et ses tuffeaux et ses bels ponts pour la regarder couler, me frictionner des douceurs des bords de Loire, en amour, sauter sur un bout de bois, et me laisser aller, doucement son courant vers l'océan, pleine de vie, amoureuse,
c'est bel la vie.
